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  • : Newmagic - La magie sous un autre angle
  • : Des techniques de psychologie à l'élaboration d'un tour, découvrez les VRAIS SECRETS de la magie.
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CONCLUSION

16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:43

  10/ A propos des tours automatiques >


On appelle « boniment » (ou « baratin ») le texte, ou l'histoire, qui est raconté durant le tour. Certains tours exigent un texte précis (appris par coeur), d'autres peuvent être plus libres. Toutefois, il est important que le texte choisi soit très personnel. Il faut que cela colle parfaitement avec la personnalité du magicien pour que le public « y croit ». Si le magicien n'y croit pas lui-même, le public n'y croira pas non plus et le tour perdra tout son sens (j'allais dire « charme »). Ainsi, un même tour présenté par deux magiciens différents pourra sembler radicalement différent.

Il existe des tours qui n'ont pas besoin de texte (par exemple les grandes illusions, mais aussi parfois en close-up). Bien souvent, ils sont accompagnés d'une musique permettant de combler ce manque et leur donnant une nouvelle dimension (poétique, angoissante, etc.). Là aussi, c'est la personnalité du magicien (et un peu aussi celle de son public) qui prévaut.

 

10/ A propos des tours automatiques >


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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:43

  ... à la pratique >


Par définition, ce genre de tours ne nécessite aucune manipulation. Parfois même, tout se fait dans les mains du spectateur. Ils sont donc l'occasion de peaufiner le texte et l'ambiance globale qui vont porter le tour. La pire erreur (mais aussi la plus fréquente) est de reprendre un texte tout fait - souvent le texte vendu avec le tour - plutôt que d'essayer de modifier la manière dont le tour est présenté, pour se l'approprier.
Certains magiciens n'aiment pas effectuer des tours automatiques, soit parce qu'ils pensent qu'ils sont trop faciles à exécuter (ils n'y trouvent pas d'intérêt), soit parce qu'ils semblent trop évidents pour les spectateurs.
En réalité, un tour automatique n'a de facile que l'exécution du secret qu'il cache. La présentation et l'ambiance seront aussi difficiles à travailler que pour n'importe quel autre tour.
Concernant la vision des spectateurs, pour moi, cela ne devrait pas faire de différence. En effet, la manipulation devant être invisible, comment pourraient-ils différencier un tour automatique (avec des cartes truquées, par exemple), d'un tour basé sur des manipulations ? Ils ne devraient pas pouvoir faire cette différence.
Enfin, les effets présentés sont souvent très impressionnants. Certains tours automatiques peuvent même devenir de véritables petits miracles, sans aucune manipulation de la part du magicien (donc sans explication évidente), et il serait dommage de s'en priver (et surtout d'en priver ses spectateurs).

 

... à la pratique >


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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:42

  7/ Les paradoxes d'un tour de magie >


Comme on a pu le voir dans les pages précédentes, le plus important dans un tour de magie n'est pas la réponse à la question « quel est le truc ? » mais bien les effets présentés et, surtout, l'ambiance globale de la présentation. Si tout va bien, les spectateurs doivent oublier cette question et se laisser naturellement embarquer par la magie des effets présentés. C'est aussi et surtout ce qui fait que l'on se souviendra d'un tour, et du prestidigitateur qui l'a effectué.
Inutile donc de travailler des techniques « impossibles » : maîtrisez pour commencer quelques techniques de base, et profitez plutôt de ce temps gagné pour soigner les effets et amplifier leur impact en jouant sur l'ambiance, le timing, le suspense. Vous y gagnerez beaucoup. De nombreux tours ne nécessitant aucune technique peuvent devenir de véritables miracles simplement en soignant la présentation.

Comparons deux situations

1 - un magicien, expert indiscutable techniquement, présente un tour de cartes. Il « jongle » avec le paquet, effectue un mélange américain, fait choisir une carte dans un éventail parfait, la fait remettre et, en coupant le jeu, retourne la première carte : il s'agit de la carte choisie !

2 - un autre magicien, visiblement débutant, présente un paquet de cartes qu'il fait mélanger par un spectateur. Il lui demande de prendre une carte puis la fait remettre dans le jeu. Il mélange le jeu « à la française », le pose sur la table, et dit :
« Monsieur, vous avez mélangé le jeu, pris un carte, et l'avez remise vous-même dans le paquet. Et bien, maintenant, la carte est imprégnée de votre énergie. Elle est comme reliée à vous. Posez s'il-vous-plait la main sur le paquet et appelez mentalement votre carte. »
Le spectateur s'exécute : il pose sa main sur le paquet posé sur la table. Le magicien enchaîne :
« Ressentez-vous quelque chose ? Sentez-vous la carte se rapprocher de vous ? »
Qu'importe ce que répond le spectateur, le magicien demande :
« Pouvez-vous nous dire quelle est votre carte ? »
Le spectateur nomme sa carte à voix haute.
« Retournez maintenant la première carte. »
Il s'agit de la carte choisie !

Dans ces deux exemple, le tour est globalement basé sur les mêmes techniques.
Que se demandera le public à l'issue du premier ? Il sera certainement frustré et se demandera aussitôt : « Comment a-t-il fait ? » en sachant pertinemment que, compte tenu de l'agilité flagrante de l'exécutant, il doit s'agir d'une obscure manipulation de cartes. Bref, le tour est sans intérêt.
Dans le second exemple, le magicien laisse le spectateur toucher les cartes (plus longtemps que le magicien lui-même). Le public ne se souviendra peut-être même pas qu'il ait mélangé le paquet avant de le poser sur la table. Et pourtant, la carte est bien revenue au-dessus du jeu (et c'est le spectateur qui l'a faite remonter magiquement) ! Toute seule ? Non, évidemment, mais ce mystère semble beaucoup plus magique et aura beaucoup plus d'impact sur le public que la démonstration précédente. Comment l'effet a-t-il été obtenu ? Le magicien n'a presque pas manipulé les cartes ! Qu'importe, finalement : le public a passé un agréable moment magique.

Tout cela pour dire qu'avec très peu de technique mais une présentation bien étudiée, l'effet peut-être intégralement révolutionné. C'est cela le vrai truc de la magie.

 

7/ Les paradoxes d'un tour de magie >

 

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:42

  8/ Réaliser l'impossible >


Quand on y prête attention, on se rend vite compte que les tours de magie sont souvent paradoxaux. Les effets présentés ont beau être magiques et étonnants, ils sont rarement justifiés : pourquoi couper une corde pour la raccommoder ensuite ? Pourquoi faire disparaître de l'argent ? Pourquoi reconstituer sa partenaire alors qu'on a enfin réussi à la couper en deux ?

Ce constat concerne aussi bien les accessoires utilisés (Pourquoi le magicien utilise-t-il son propre jeu de cartes ? Pourquoi utiliser des pièces américaines et pas des Euros ?) que les gestes effectués (Pourquoi mettre la pièce dans la main gauche, alors qu'elle était dans la main droite juste avant ? Pourquoi poser une carte face en l'air sur le jeu juste avant de la retourner face en bas plutôt que de la poser directement face en bas sur le paquet ?).

Toutes ces petites questions germent dans l'inconscient du spectateur, et le « gênent », l'empêchent de profiter pleinement du numéro. C'est pourquoi il est très important d'y apporter une explication logique, dans la mesure du possible.

Dans la majorité des cas, seuls la présentation et le boniment du tour pourront fournir cette explication. Cela consiste par exemple à simplifier au maximum les gestes effectués : n'est-il pas possible de poser EFFECTIVEMENT la carte face en bas directement, en utilisant une autre technique ?

Par exemple, pour justifier un effet de reconstitution impossible, on peut jouer sur la mise en scène en faisant semblant de déchirer accidentellement un journal, ce qui expliquerait pourquoi on a besoin de le reconstituer... Ou couper une corde dans le but d'en libérer un anneau ou une bague qui en est prisonnier.

Tous ces points doivent être méticuleusement étudiés lors de la création du tour.

 

8/ Réaliser l'impossible >

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:42

  9/ Le boniment >


En étudiant les tours de prestidigitation, on réalise qu'ils défient les lois naturelles dans un but bien précis : répondre aux rêves de l'Humanité.

La lévitation (voler), la télékinésie (déplacer les objets à distance), la télépathie (lire ou transmettre une pensée), mais aussi la téléportation, la matière qui traverse la matière, la reconstitution impossible d'objets ou de personnes irrémédiablement découpés, ... sont des rêves nés dans l'esprit des premiers homo-sapiens et demeureront toujours les désirs suprêmes de l'Humanité. C'est pourquoi ils sont aussi des thèmes récurrents dans l'histoire de la prestidigitation, qui tente de les simuler en utilisant des artifices de plus en plus sophistiqués.

Les liens unissant l'illusionnisme et le paranormal sont et resteront toujours solides : il s'agit de bafouer les principes physiques acquis et vérifiés au quotidien, comme le fait que la matière ne peut pas traverser la matière, ou que l'Homme est incapable de voler par ses propres moyens, pour démontrer que l'impossible peut devenir possible, que les rêves peuvent devenir réalité.

On dit parfois qu'un magicien est avant tout un conteur et pour cause, comme dans les contes, l'idée poétique sous-jacente est finalement qu'il faut s'accrocher à ses rêves et continuer à y croire pour qu'ils se réalisent.

 

9/ Le boniment >


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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:42

  6/ Faîtes de l'effet >


De nombreux magiciens s'accordent sur le fait que la condition sine qua non de la réussite d'une technique de manipulation est que le mouvement truqué doit être strictement identique au mouvement naturel (qui serait effectué sans trucage), aussi appelé « mouvement vrai ».
Par exemple, pour faire croire que l'on dépose une pièce en main gauche, tout en la gardant secrètement en main droite, il faut effectuer un mouvement exactement similaire à celui que l'on ferait si l'on déposait réellement la pièce ! Autrement dit, pour que la technique soit invisible, il faut que le geste ne soit pas suspect.
Cela semble évident et, pourtant, ce n'est pas si simple...
La première chose à faire lorsque l'on travaille une technique est donc non pas d'étudier la technique elle-même, mais plutôt d'assimiler le mouvement réel qu'elle est sensée simuler. Ensuite alors, travailler la technique sur la base de ce mouvement permettra de la rendre invisible à coup sûr, et donc de créer l'illusion.
 

 

6/ Faîtes de l'effet >

 

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:41

  4/ Les techniques >


Laissez-nous respirer !

Un tour de magie, c'est un peu comme un film : il faut laisser retomber le suspense et l'attention du spectateur de temps en temps si on ne veut pas qu'il « décroche ». Ce principe appliqué à la prestidigitation consiste à marquer un temps d'arrêt juste après un effet, plutôt que d'enchaîner aussitôt avec l'effet suivant.
Cela offre plusieurs avantages :
 - l'importance de l'effet est grandie ;
 - le spectateur a le temps de « profiter » de l'effet qui vient de se produire, et de l'assimiler ;
 - l'effet suivant sera lui aussi amplifié, car l'attention du spectateur lui sera entièrement consacrée ;
 - le tour semble plus rythmé, mieux préparé, peut-être même plus naturel car le magicien devient lui aussi spectateur de l'effet, durant un court instant ;
 - et, enfin, cela peut vous permettre de disposer du temps nécessaire à la préparation de l'effet suivant, ce qui n'est pas négligeable.

Temps faibles / Temps forts

Cette notion est primordiale. Il est nécessaire de l'assimiler et d'en comprendre toutes les implications pour réussir sa prestation.
Le déroulement d'un tour est constitué de la succession de « temps », marqués par l'importance de l'attention des spectateurs. Les temps où l'attention est à son maximum sont appelés « temps forts ». A l'inverse, les « temps faibles » sont les moments où l'attention se relâche, par exemple juste après un effet.
En close-up, durant un temps fort, le public a les yeux rivés sur vos mains. Hors de question alors de réaliser une manipulation entraînant un mouvement peu naturel ou non logique à ce moment-là du numéro. Durant un temps fort, il ne faut faire que des mouvements naturels et justifiés, comme retourner simplement une carte ou montrer la disparition d'une pièce (l'exception étant le détournement d'attention : au cours d'un temps fort où l'attention est portée sur la main droite, la main gauche peut en profiter pour prendre un objet de manière « invisible »).
Durant un temps faible, au contraire, l'attention est relâchée. Les spectateurs lèvent les yeux, se regardent, vous regardent, sourient, etc. Ils prêtent moins attention à vos gestes : le suspense est retombé. Ces moments-là sont propices à l'exécution d'une manipulation qui risquerait d'être repérée à un tout autre moment. Par exemple, vous pouvez organiser les cartes pour le tour suivant : les spectateurs ne le noteront pas.
Gardez aussi à l'esprit que plus l'attention portée est intense, plus le relâchement qui suit est important ; dit autrement, plus un temps est fort, plus le temps suivant sera faible.

Il est donc primordial, lorsqu'on répète un tour, d'en déterminer les temps faibles et les temps forts, afin de placer correctement les différents mouvements.
Certains temps sont imposés par le rythme du tour : ceux-ci peuvent difficilement être déplacés ou modifiés ; d'autres peuvent être obtenus « à la demande ».

Exemples de temps imposés par la structure du tour :
 - juste avant un effet : on s'apprête à retourner une carte, ou à ouvrir la main pour montrer que la pièce a disparu (temps fort)
 - juste après un effet, par exemple la révélation d'une prédiction, le retournement d'une carte ou la disparition d'une pièce (temps faible)
 - le moment où le spectateur regarde sa carte, ou la montre au public, ou la révèle (temps faible)

Exemples de temps obtenus « à volonté » :
 - attirer l'attention des spectateurs : « Regardez-bien... » (temps fort)
 - dire une petite plaisanterie (temps faible)
 - relever les yeux pour poser une question au spectateur (temps faible)

Attention toutefois : on peut couper un temps fort par un temps faible. Cela permet même d'ajouter du suspense (en retardant le moment fatidique) pour amplifier l'attention des spectateurs au retour au temps fort. Mais si le moment est mal choisi, le temps fort risque d'être « gâché », et l'impact de l'effet avec lui...

Utilisation de l'humour

Vous l'avez sûrement remarqué, de nombreux magiciens utilisent l'humour comme pilier de la présentation de leur numéro. En réalité, insérer dans le boniment quelques jeux de mots ou phrases humoristiques n'est pas nouveau : certains magiciens du XIXème siècle utilisaient déjà ce principe.
Alors, pourquoi utiliser l'humour dans un tour de magie ?
Cela permet tout d'abord d'instaurer un climat amical, chaleureux et décontracté qui rend la présentation du numéro bien plus sympathique.
Lorsque ses blagues ne sont pas de mauvais goût, le prestidigitateur se met « au niveau » de ses spectateurs, enlevant toute notion de supériorité, et diminuant ainsi la traditionnelle frustration ressentie « de l'autre côté des cartes ».
Enfin, et cela est très important, les notes d'humour permettent de créer ou d'amplifier un temps faible, permettant par exemple de masquer l'exécution d'une manipulation (voir ci-dessus).

Utiliser l'humour permet donc évidemment de rendre plus agréable la présentation du numéro, mais aussi d'en amplifier l'impact, en jouant sur la part psychologique. Mais attention à ne pas trop en abuser.
Pensez aussi à adapter votre humour selon votre public.
Enfin, veillez à toujours respecter votre public : si vous vous moquez du spectateur qui s'est porté volontaire pour vous assister, non seulement il en gardera un mauvais souvenir, mais plus personne ne voudra vous rejoindre sur scène...

 

4/ Les techniques >


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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:41

  5/ Le "mouvement vrai" >

 

En prestidigitation, on appelle « technique » toute manipulation, visible ou non, du ou des accessoires utilisés. Il existe deux formes de techniques : les fioritures et les manipulations.

Les fioritures

Les fioritures sont les manipulations destinées à produire un effet visible et « joli ». Par exemple présenter les cartes en éventail ou faire « rouler » une pièces sur le dos des doigts.

Les prestidigitateurs ne s'accordent pas toujours sur le bien fondé de ces manipulations. En effet, elles peuvent inutilement éveiller des soupçons dans les yeux des spectateurs, révélant la dextérité du magicien. Certains magiciens vont même jusqu'à dire qu'elles peuvent gâcher les effets présentés, brouillant la clarté et la précision d'une routine.
En revanche, durant l'entraînement, elles permettent de développer l'agilité des doigts et de mieux « faire connaissance » avec le matériel.

Parfois aussi, elles peuvent servir à masquer une autre manipulation.

Les manipulations

Ce sont les gestes ou les processus invisibles du public qui permettent de réaliser un effet. Par exemple retrouver une carte au-dessus du jeu ou faire disparaître une pièce.

Il faut toujours garder à l'esprit que la manipulation pour la manipulation n'a pas de sens : par définition, elle doit être strictement invisible des spectateurs. Pour la même raison, il est primordial de maîtriser parfaitement une technique avant de l'effectuer en public, afin qu'elle ne soit pas démasquée.

Il apparaît donc que la manipulation n'est pas une fin en soi ; il s'agit plutôt d'un outil utilisé dans le but de réaliser un effet magique. Cette comparaison avec un outil est fréquente et non fortuite :
Imaginez par exemple un bricoleur qui vient d'acquérir une toute nouvelle perceuse dernier cri. Il pourra la montrer à son voisin, pour « frimer », mais s'il ne sait pas s'en servir, il n'en obtiendra rien, ou pas grand chose.
Supposons a contrario que le-dit voisin, lui, utilise sa vieille perceuse depuis des années et sait parfaitement s'en servir : elle est peut être lourde et peu esthétique mais il se l'est appropriée au fil du temps et il en maîtrise aujourd'hui toutes les possibilités. Quoi qu'il arrive, au final, ni l'un ni l'autre n'exposera sa perceuse à côté des meubles qu'elle lui aura permis de construire !

Avec les techniques de manipulation en prestidigitation, c'est exactement la même chose : la manipulation secrète permet d'aboutir à un effet. L'effet est présenté, visible, mais pas la technique utilisée qui, au contraire, doit rester strictement invisible. En fait, elle importe peu, voire pas du tout.

Aussi il semble peu judicieux de connaître une multitude de techniques qui aboutissent au même résultat (tout comme il n'est pas utile dans l'absolu d'avoir plusieurs perceuses) : il vaut mieux concentrer ses efforts à en maîtriser parfaitement quelques-unes que d'en pratiquer beaucoup mais de manière moins précise, au risque de se faire démasquer par le public.


De l'utilité des techniques

Bien qu'elles deviennent rapidement indispensables pour réaliser des effets un peu plus poussés, il n'est pas nécessaire d'être un grand technicien pour faire de la magie (notamment avec les cartes ; ceci étant moins vrai avec les pièces) : sans parler des objets truqués, de nombreux tours sont basés sur des manipulations simples (voire pas de manipulation du tout) qui peuvent produire un très bel effet aux yeux des spectateurs. Les tours les plus mémorables sont bien souvent les plus simples, dans lesquels le magicien n'est presque pas intervenu. Le plus important en magie, ce n'est pas la dextérité physique du praticien, mais sa capacité à raconter une histoire, à emmener le public avec lui, à le faire rêver et oublier que « c'est truqué » : cela est, je vous l'assure, bien plus difficile que d'apprendre à maîtriser n'importe quelle technique de manipulation !

 

5/ Le "mouvement vrai" >

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:40

  2/ Principes de psychologie (1) >

 

Commençons par la base de la théorie : les règles d'or du magicien !

1- Tes secrets jamais tu ne dévoileras
Tout comme les médecins, les prestidigitateurs sont soumis au secret professionnel (« La règle du secret »). Par exemple, la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs demande à ses membres actifs de prêter le serment suivant :
« Je [...] m’engage sur l’honneur à ne divulguer aucun des secrets qui sont le patrimoine des illusionnistes, ni de les décrire dans des publications ou par des moyens audiovisuels destinés à des profanes.
Je m’engage aussi sur l’honneur à être loyal envers mes confrères, à pratiquer dignement et honnêtement l’art de la prestidigitation dans le respect de la législation, à respecter la propriété artistique ainsi que les statuts, le règlement intérieur et la charte des adhérents à la F.F.A.P. 
Je m’engage à m’efforcer de porter au plus haut niveau le prestige de l’art magique.
»

Ce « commandement » est évidemment le plus important mais aussi le plus difficile à respecter...
Sa justification n'est pas la volonté de garder jalousement secrets des savoirs impénétrables, comme on pourrait le penser au premier abord, mais plutôt de conserver la part de rêve des spectateurs.
Mais à toute règle il existe des exceptions : on peut par exemple expliquer un tour à un autre magicien, ou révéler un trucage simple à un profane afin d'éveiller en lui l'envie de pratiquer cette discipline.
Il ne faut pas oublier que sans le partage de ses secrets et de ses techniques, la magie s'étoufferait elle-même.

2- Un même tour jamais tu ne présenteras au même public
La quasi-totalité des tours de prestidigitations fonctionnent sur le suspense et l'étonnement : l'inattendu accentue l'effet. De ce fait, présenter une seconde fois un même tour enlève l'effet de surprise et donc le plaisir procuré aux spectateurs, qui peuvent même, en anticipant les gestes du magicien, deviner comment l'effet est obtenu, ce qui nuirait considérablement au tour... Si l'on vous demande de refaire un tour, vous avez plusieurs possibilités : enchaîner sur un tour « encore meilleur », refaire un tour similaire avec un final différent (donc inattendu), qui sera perçu par le public comme encore plus époustouflant, ou encore refaire exactement le même tour, mais en utilisant de nouvelles méthodes. Attention toutefois à bien maîtriser ces variantes.

3- Ce que tu vas faire jamais tu ne diras
Egalement pour maintenir l'effet de surprise, il convient de ne jamais dire ce que vous allez faire, de ne pas présenter dans le détail l'effet qui va être produit.
Par exemple, ce serait une erreur de dire « Je place la pièce en main gauche où elle va disparaître ! ». Préférer simplement « Je place la pièce en main gauche... » et montrez ensuite qu'elle a disparu. Parfois même, il vaut mieux ne rien dire du tout : la magie se basant principalement sur le sens de la vue, commenter tout ce qui est évident aux yeux des spectateurs est inutile et peut même nuire à la prestation.

4- Tes routines tu maîtriseras
S'entraîner, toujours s'entraîner, pour parfaire un tour et envisager toutes les issues qui pourraient le compromettre. Si vous ne connaissez pas votre texte, si vous hésitez sur la manipulation à faire ou sur la suite du tour, tout est fichu... Maîtriser un tour permet aussi de maîtriser le stress au moment de la présentation : vous êtes plus détendu et, de fait, le public aussi.

5 – Ton répertoire de tours tu constitueras
Chaque magicien a son propre répertoire de tours qui lui conviennent et correspondent à sa personnalité. Il n'est pas utile d'avoir des centaines de tours à son actif. Il est plus important d'en maîtriser parfaitement une dizaine, que d'en pratiquer beaucoup plus mais de manière moins parfaite.
Cela nécessite donc de savoir faire le tri entre les numéros qui vous plaisent, qui auront un fort impact sur le public et que vous êtes en mesure de maîtriser aujourd'hui, et les tours qui vous semblent moins intéressants. Si vous débutez, n'hésitez pas à supprimer pour le moment les tours qui vous paraissent trop difficiles : vous les incorporerez plus tard, lorsque vous maîtriserez parfaitement vos premiers tours de magie.
A la longue, votre répertoire s'enrichissant, vous pourrez mettre aux oubliettes les tours que vous aimez le moins, ou qui ont eu le moins d'impact sur le public.
A l'inverse, ressortir un ancien tour moyen peut s'avérer très étonnant : vous avez évolué et pouvez peut-être le faire évoluer aujourd'hui en un véritable miracle.

6 – Tes accessoires tu chériras
Veillez toujours à présenter des accessoires propres et soigneusement choisis. Ainsi, ne pas hésiter à renouveler régulièrement ses paquets de cartes, par exemple. Nettoyer de temps en temps ses pièces permet de garder leur éclat et améliore l'aspect visuel de leur manipulation. Enfin, évidemment, veillez à avoir les mains propres lorsque vous présentez un tour.

7 – Ton public tu respecteras
Présenter un tour de magie, ce n'est pas montrer que l'on sait faire quelque chose que le public ne peut pas reproduire. C'est plutôt présenter une expérience qui semble impossible et qui, pourtant, est en train de se réaliser, comme par magie.
Cette différence de pensée est fondamentale. Elle passe avant toute chose par le respect de son public : ne pas humilier le volontaire venu sur scène participer au tour, ne pas faire de mauvais jeu de mot, mettre en valeur les effets et les tours présentés plutôt que soi-même,...
C'est aussi cela qui fait la différence entre un prestidigitateur qui ne fait que démontrer sa dextérité et un artiste qui distribue du rêve.

8 – A ton public tu t'adapteras
Il peut sembler évident que l'on ne présentera pas les mêmes tours à des enfants qu'à une assemblée d'adultes. Il faudra donc veiller à ce que le spectacle soit adapté aux personnes présentes, mais aussi à l'ambiance générale de la situation. Par exemple : un soir d'Halloween, préférez des tours à l'ambiance glauque voire inquiétante ; pour Noël, accentuez le côté magique ; pour un anniversaire, n'hésitez pas à développer l'humour dans vos présentations.
Cela passe aussi par le choix de tous les petits détails qui passeront inaperçus mais qui auront leur importance : les accessoires utilisés, la tenue vestimentaires, etc.

9 – Au bon moment tu agiras
Quelque soit la situation, il y a toujours un bon et un mauvais moment pour présenter un tour de magie. Au cours d'un dîner, par exemple, il faudra veiller à disposer de suffisamment de temps avant le prochain plat pour ne gâcher ni le repas, ni le final du numéro.
De la même manière, ajoutez à votre répertoire quelques tours impromptus : il serait dommage que quelqu'un vous demande un tour et que vous n'ayez rien à présenter...

10 – A temps tu t'arrêteras
Comme on le dit pour beaucoup d'autres choses : « Trop de magie tue la magie ». Il faut savoir s'arrêter avant de lasser son public.
Il est également important de terminer sa prestation par un numéro simple mais particulièrement bluffant. Savoir laisser le public sur sa faim est difficile, mais très important : c'est ce qui fait qu'on aura envie de vous revoir à l'oeuvre, la prochaine fois.

 

2/ Principes de psychologie (1) >

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 15:40

  3/ Principes de psychologie (2) >


La plupart des gens pense qu'un tour de magie se résume uniquement à son « truc ». Cela est faux : le vrai fondement de la magie, ce n'est pas la manière dont est réalisé un tour, mais l'impact de l'effet présenté. On dit d'ailleurs que le rôle d'un magicien est justement de faire oublier que c'est truqué.
Pourtant, on trouve dans le commerce bien plus d'explications de tours que d'informations concernant l'aspect psychologique de la magie, qui est pourtant essentiel : sans sa part de psychologie, n'importe quel tour de magie perd tout son sens.
Nous allons donc faire ici le tour de quelques principes de base qu'il faut absolument garder en tête à chaque fois que l'on présente et/ou travaille un numéro de prestidigitation.

Le détournement d'attention


Le principe le plus connu de tous, même des profanes, est le détournement d'attention. Il s'agit comme son nom l'indique de détourner l'attention des spectateurs d'un endroit critique (où il se passe quelque chose qui ne doit pas être vu) vers un endroit anodin (où rien ne se passe de particulier, mais présenté comme suffisamment important pour que le public s'y attarde).
On peut par exemple prendre un objet avec la main droite et masquer cette opération par un détournement d'attention vers la main gauche, qui s'ouvre pour montrer que la pièce qu'elle contenait quelques instants plus tôt vient de disparaître. L'attention du public est portée sur la main gauche : il ne verra pas les mouvements effectués secrètement par la main droite.
Cela peut être obtenu de plusieurs manières, le but étant toujours de masquer un mouvement suspect.
Certains numéros utilisent ce principe à des fins humoristiques : les objets apparaissent et disparaissent à une telle vitesse que le magicien lui-même semble dépassé par les évènements...

 

Suivez mon regard

Dans le même ordre d'idée, un principe assez connu mais difficile à appliquer de façon naturelle : le suivi du regard. Il est basé sur le constat suivant : si quelqu'un regarde quelque chose, les personnes qui l'entourent vont regarder au même endroit ; levez la tête dans la rue et observez discrètement les gens autour de vous : beaucoup lèveront aussi la tête, curieux de savoir ce que vous regardez.
Appliqué en prestidigitation, cette technique est similaire au détournement d'attention : elle permet de diriger le regard du public là où l'on veut - ou de l'écarter de là où l'on ne veut pas - qu'il regarde ! C'est pourquoi il est primordial de savoir manipuler sans regarder ses mains. L'effet peut être amplifié en pointant le doigt ou en tendant la main.
J'ai en tête un très joli tour pour enfants dans lequel le magicien, après avoir fait disparaître un ballon de baudruche, disait à l'enfant : « Regarde, il est en train de voler, tout autour de la pièce ! Tu le vois ? », en montrant du doigt les murs de la pièce selon un parcours circulaire imaginaire. Le ballon invisible finissait sa course dans une boîte hermétiquement fermée (pourtant montrée vide au début du tour). J'ai assisté plusieurs fois à ce numéro et systématiquement, TOUS les spectateurs présents dans la salle se retournaient pour suivre des yeux le ballon invisible. Evidemment, chacun savait que le ballon n'y était pas, mais ils ne pouvaient s'empêcher de regarder, au cas où... A ce niveau de persuasion psychologique, l'illusion naît, tout naturellement.


Les « chemins de la pensée »

Juan Tamariz a publié un livre traitant des cheminements de la pensée du spectateur tout au long d'un tour. Pour lui, il semble primordial d'anticiper les réflexions du spectateur, voire même de l'amener à penser ce que l'on veut qu'il pense. Par exemple, lui donner une voie de réponse (« Ah, j'ai compris, il a deux pièces ! ») pour ensuite démontrer, sans rien dire, que ce n'est pas la bonne solution (en montrant visiblement, mais sans y prêter attention, qu'il n'y a qu'une seule pièce et que les mains sont vides). Après avoir éliminé toutes les solutions possibles, le spectateur se résigne (inconsciemment) à ne plus chercher de solution et à se laisser mystifier. Cela ne peut être obtenu qu'après une étude détaillée de chaque phase du tour, en se plaçant du point de vue du spectateur.

Les forçages psychologiques

Il existe de nombreuses façons d'obliger le spectateur à penser à un chiffre, une couleur, un objet, etc. en lui laissant croire qu'il l'a choisi tout à fait librement. Ces principes, très largement utilisés dans les tours de mentalisme, reposent essentiellement sur la manière exacte dont la question est posée et dans quel contexte.
Il faut garder à l'esprit que ces forçages ne sont jamais infaillibles. Pour éviter tout désagrément, il vaut mieux éviter de les utiliser sur les spectateurs « récalcitrants ». Pour la même raison, toujours penser à des solutions de contournement si la réponse fournie n'est pas celle qui était prévue au départ...

La mémoire nous joue des tours

Lorsque vous en aurez l'occasion, demandez aux spectateurs ce dont ils se souviennent du tour que vous avez effectué devant eux quelques minutes plus tôt : vous serez surpris des réponses fournies !
En effet, notre mémoire sélective peut être très bénéfique pour un tour de magie : les spectateurs ne se souviendront pas exactement de tout ce qui s'est passé, oubliant certains détails qui leurs semblaient anodins, et ajoutant parfois de nouvelles informations (exemple classique : ils vous diront que le paquet de cartes a été mélangé alors qu'en fait, il n'a été que coupé).
Bien que cela puisse sembler anodin, c'est un élément très important pour un tour. Cela permet en effet d'amplifier virtuellement l'effet global d'une routine. Bien utilisée, cette astuce peut transformer un tour banal en véritable miracle.

 

 

3/ Principes de psychologie (2) >

 

 

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