En étudiant les principes qui font de la prestidigitation l'art de la mystification, on comprend rapidement jusqu'où peut entraîner l'utilisation de ces connaissances... De nombreuses techniques de manipulation et procédés psychologiques peuvent notamment être utilisés pour tricher aux jeux. Voici un exemple simple et assez connu de tricherie par manipulation mentale au jeu du « pile ou face » : la phrase « Face je gagne et Pile tu perds ! », prononcée sans y prêter attention et juste avant de lancer la pièce, peut passer inaperçue et, pourtant, elle vous assure la victoire.
Bien sûr, tout magicien qui se respecte ne devrait pas utiliser ses connaissances à cette fin. Toute triche entraîne la perte de l'intérêt de jouer. Dans les jeux d'argent, il s'agit même de vol pur et simple. En revanche, il peut sembler nécessaire de connaître ces techniques afin de ne pas se faire abuser, en démasquant les tricheurs qui jouent contre soi. Ainsi, dans les casinos, est-il fréquent que les croupiers soient d'excellents prestidigitateurs. Non pas pour tricher eux-même mais pour démasquer les éventuels tricheurs autour de la table. Il peuvent ainsi repérer un joueur qui manipule les jetons ou compte les cartes, par exemple. Certains croupiers suivent même une formation spécifique pour se spécialiser dans ce domaine. Vous l'aurez compris, les croupiers des casinos ne sont pas là QUE pour distribuer les cartes !
Voilà une question qui reste encore aujourd'hui sans réponse définitive. Parmi les arts officiels, figurent la sculpture, la peinture, la littérature et même le cinéma... mais pas la prestidigitation. Pourtant, cette discipline ancestrale entre bien dans la définition d'un Art. De ce fait, le milieu professionnel s'accorde à répondre « oui » à cette question. Citons par exemple la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs qui, en utilisant le terme « Artistes Prestidigitateurs », confirme la notion d'Art de la Prestidigitation.
Pour plus d'informations, retrouvez mes vidéos sur la chaîne YouTube "La magie sous un autre angle" :
Tour des gobelets
Ce tour est considéré comme le plus ancien tour d'escamotage. Il consiste en une série d'apparitions et de disparitions de « muscades » (ou petites balles, habituellement en mousse) sous des gobelets (traditionnellement en bois, aujourd'hui en métal). Il en existe de très nombreuses variantes, utilisant par exemple l'apparition de fruits en guise de final.
Il y a quelques années, un magicien de Las Vegas étonna les professionnels du métier par une présentation des plus inhabituelles : il effectuait ce numéro avec des billes de fer ! En ajoutant le son des billes contre les gobelets, l'effet prit une toute nouvelle dimension.
Bonneteau
Ce nom ne vous dit peut-être rien et, pourtant, se cache derrière un numéro très connu : deux cartes rouges et une carte noire sont présentées aux spectateurs, puis mélangées face en bas ; ceux-ci doivent alors retrouver la carte noire. Bien évidemment, elle n'est jamais là où elle devrait être...
Il existe une polémique autour de ce tour : il fût un temps où il n'était pas rare de le voir effectué en pleine rue, pour escroquer les passants qui pariaient sur les cartes. Souvent, l'exécutant laissait d'abord gagner un compère plusieurs fois de suite, ce qui attirait une foule autour de la table improvisée, puis il laissait gagner les premiers joueurs, avant de leur faire perdre tout leur argent.
Evidemment, cette pratique est strictement interdite en France, mais il arrive encore de nos jours qu'elle se produise... De ce fait, de nombreux magiciens n'hésitent pas à dévoiler les manipulations classiquement utilisées pour réaliser cet effet, afin de sensibiliser le public à cette arnaque.
Femme coupée en deux
Sûrement la grande illusion la plus connue, la femme coupée en deux consiste essentiellement à faire entrer une partenaire (ou, plus rarement, une spectatrice) dans une boîte, pour ensuite la couper en deux parties (ou plus), avant de la « reconstituer ». Comme beaucoup de tours de magie, il existe presque une infinité de façons permettant de réaliser ce prodige.
En l'espace de plusieurs décennies, de nombreuses présentations en ont été faites, parmi lesquelles on peut noter :
- l'utilisation de boîtes transparentes, ou semi-transparentes, laissant voir la quasi-totalité du corps de la « victime »
- des présentations plus ou moins gores, par exemple l'utilisation de scies électriques ou même de tronçonneuses. Un magicien a même fait sensation en incluant des effets spéciaux habituellement utilisés au cinéma (fausses tripes,faux sang,etc.)
- parfois, c'est le magicien lui-même qui se fait « découper »
- on peut également noter la vidéo de Chris Angel, où une femme se fait couper en deux sur un simple banc dans un parc, deux spectatrices lui tenant les pieds et les mains. La femme, coupée en deux, hurle en voyant le bas de son corps qui est resté sur le banc et s'en va affolée, en « courant » sur ses mains. La présentation est ici sensationnelle.
Corde coupée raccommodée
Tour traditionnel de close-up ou de salon, le tour de la corde coupée est en quelque sorte une variante de la femme coupée en deux. Effectivement, ici aussi, une corde est coupée en deux parties puis, après quelques gestes magiques, est raccommodée comme si de rien n'était.
Comme toujours, le tour présenté tel quel n'apporte rien s'il n'est pas accompagné d'une ambiance ou d'une histoire adéquate. Ce peut être un tour servant d'interlude humoristique, ou l'un des composants d'une routine complète de cordes.
Il existe également pour ce tour de nombreuses variantes, tant dans la technique utilisée que dans la présentation : l'utilisation d'un anneau ou de cordes nouées entre elles en sont des exemples classiques.
On peut noter un très bel effet, assez connu, consistant à casser un fil de couture en plusieurs petits morceaux (les spectateurs peuvent participer au carnage), assemblés ensuite en une petite boulette, qui sera « tassée » au milieu du dernier fil restant. En tirant sur les extrémités de ce fil, la boulette se déplie, reconstituant le fil initial.
Journal déchiré reconstitué
Encore un grand classique, qui se base à nouveau sur le principe de la reconstitution impossible. Ici, c'est une page de journal qui est déchirée en morceaux, qui, pliés puis dépliés, reformeront la page de journal initiale. Cet effet peut-être réalisé avec d'autres morceaux de papiers : dessin d'un spectateur, cartes et même billets de banque !
La technique la plus répandue permet aussi, accessoirement, de changer un papier en un autre, par exemple un simple morceau de feuille en véritable billet de banque !
Les anneaux chinois
Pour finir cette série de tours ultra connus, laissez-moi vous parler du fameux tour des « anneaux chinois ». Il consiste à faire enclaver et désenclaver des anneaux de métal, pourtant solidement soudés. C'est un tour très ancien, qui porte mal son nom : il ne semble pas avoir une véritable origine chinoise.
Au fil des siècles, le tour s'est bien sûr amélioré. On peut voir de nos jours des magiciens faire s'enclaver d'autres objets dans les anneaux, comme par exemple une corde, ou une scie prise initialement pour scier les anneaux, qui se retrouve prisonnière dans l'un d'eux. Ce genre d'effet dans lequel le magicien semble dépassé par les évènements ajoutent à la part magique (nous y reviendront plus loin).
Une très jolie présentation de ce tour consistait à faire voler tout doucement les anneaux dans les airs, pour s'enclaver magiquement sans que le magicien ne les touche.
On ne peut pas évoquer l'histoire de la prestidigitation sans parler des plus grands magiciens, ceux qui, par leurs idées ou leurs publications, ont révolutionné cette discipline.
Retrouvez "La magie sous un autre angle" sur ma chaîne YouTube ! Robert-Houdin (7 décembre 1805, 13 juin 1871) : Jean-Eugène Robert-Houdin est né à Blois le 7 décembre 1805. Horloger de père en fils, il découvrit les secrets de l'illusionnisme par hasard : après avoir commandé un « Traité d’horlogerie », il reçut à la place le « Dictionnaire des amusements de la science », dans lequel il découvrit des trucs et des techniques de manipulation permettant de réaliser des tours de magie. La passion ne l'a alors plus jamais quitté.
Il créa notamment le « Théâtre des soirées fantastiques » à Paris où il se produisit pendant de nombreuses années. Ses prédispositions en mécanique lui permirent de créer des tours d'un genre nouveau, utilisant notamment des automates sur scène. Il révolutionna la magie en apportant des idées nouvelles, comme par exemple l'habit de soirée au-lieu du traditionnel costume d'enchanteur.
Il mourut le 13 juin 1871 sans pouvoir achever l'ensemble des publications qu'il avait en tête. Aujourd'hui encore, ses livres sont des références pour la très grande majorité des prestidigitateurs amateurs et professionnels du monde entier, qui le considèrent comme le père de la magie moderne.
A Blois, le « Musée de la magie » a été édifié en son souvenir. On peut y découvrir de nombreux accessoires plus ou moins anciens, ainsi que des informations sur les prestidigitateurs les plus renommés (une pièce est même dédiée à Georges Méliès, cinéaste français passionné de magie et père des effets spéciaux cinématographique), couvrant ainsi l'histoire de la discipline. Un spectacle régulièrement renouvelé y est également présenté quotidiennement. Evidemment, une salle est entièrement consacrée à Robert-Houdin, présentant quelques unes de ses créations : automates et pendules qui ont été conservés jusqu'à nos jours.
Harry Houdini (24 mars 1874, 31 octobre 1926) : de son vrai nom Ehrich Weiss, Houdini est né à Budapest (Hongrie) le 24 mars 1874. Il choisit son nom de scène en référence à Robert-Houdin. Il est aussi connu sous le nom du « roi de l'évasion ». En effet, il s'est rapidement spécialisé dans les effets d'évasion, se libérant de boîtes fermées par des chaînes et des cadenas, se laissant lui-même enchaîner, ligoter, plongé dans des eaux glacées, défiant souvent la mort. A chaque fois, il arrivait à se libérer ; parfois de justesse. Il parvenait aussi à se défaire d'une camisole de force et il alla même jusqu'à présenter un numéro où il s'évadait d'une prison pourtant réputée inviolable, sous le contrôle de la police. L'ensemble de ses prouesses lui valut une réputation mondiale.
Il publia de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut noter « The Unmasking of Robert-Houdin » (« Robert-Houdin démasqué ») en 1908, où il ternit la réputation de Jean-Eugène Robert-Houdin, indiquant que celui-ci n'aurait pas tant bouleversé la prestidigitation que cela (on ne connaît pas aujourd'hui la réelle motivation de cette publication).
Fermement sceptique, Houdini utilisa ses connaissances dans l'illusionnisme pour combattre les charlatans du spiritisme, qui se développaient à l'époque. Cela lui coûta son amitié avec Sir Arthur Conan Doyle.
Outre les effets d'évasion, Houdini avait également mis en place un numéro où il pouvait parer n'importe quel coup dans le ventre, pour prouver son invincibilité. Malheureusement, on pense que ce numéro lui coûta la mort lorsqu'un étudiant vint le voir hors de scène pour effectuer ce tour. Il le frappa trop tôt, sans lui laisser le temps de se préparer. Houdini mourut quelques jours plus tard, le jour d'Halloween. On dit que depuis, certains fans auraient pour coutume de tenter de rentrer en contact avec son esprit... les soirs d'Halloween. On dit aussi que Sir Arthur Conan Doyle aurait prononcé devant son cercueil : « Je vous parie qu'il n'y est déjà plus... ».
Dai Vernon (11 juin 1894, 21 août 1992) : David Frederick Wingfield Verner est né à Ottawa, dans l'Ontario (Canada). Surnommé le « Professeur », il marqua le monde de la prestidigitation par sa grande imagination : il est l'inventeur de nombreux effets, tous plus dévastateurs les uns que les autres. Ses publications sont aujourd'hui encore considérées comme des « bibles » par les professionnels du métier. Il mourut en 1992, à l'âge de 98 ans, à Hollywood. Il dira à la fin de sa vie:«Je n'ai qu'un regret, celui de n'avoir pu consacrer les quatre premières années de ma vie à la magie».
Magiciens américains contemporains
David Copperfield : David Copperfield est l'un des magiciens (voire LE magicien) les plus connus au monde. Disposant de budgets phénoménaux, il créa des effets monstres pour des émissions de télévision américaine, comme la disparition de la statue de la Liberté ou la traversée de la muraille de Chine, pour lesquels il reçut plusieurs Emmy Awards.
Connu comme étant le magicien le plus riche au monde, son succès tient en réalité à la présentation de ses tours : bien que complexes, il les enrobe toujours d'une ambiance simple, familiale, dans laquelle chacun de nous peut se reconnaître. « L'envol » est certainement son numéro le plus populaire, dans lequel, après avoir parlé de son rêve de voler, il s'envole littéralement sur scène, accompagné d'une spectatrice.
Chris Angel : Avec son style particulier, mélange de grunge et de gothique, et son don indéniable pour entourer ses numéros d'une ambiance mystique, glauque ou carrément gore, on peut dire que Chris Angel ne passe pas inaperçu.
Né le 19 décembre 1967, Christopher Nicholas Sarantakos a découvert la magie à l'âge de 6 ans et, depuis, la passion ne l'a plus jamais quitté. Rendu célèbre en 2005 par son émission « Mindfreak » sur la télévision américaine, il dépoussière les grandes illusions par des présentations éprouvantes mais spectaculaires et inoubliables. Fidèle détracteur des charlatans du paranormal, il aime également tourner en dérision certaines croyances religieuses. En véritable Houdini des temps modernes, il marche sur l'eau, sort in-extremis d'un immeuble sur le point d'être détruit, monte le long d'un immeuble en marchant sur les murs, reste plongé dans une cuve d'eau pendant 24 heures, se libère d'un baril rempli d'eau auquel il était cadenassé à plusieurs dizaines de mètres du sol, lévite au-dessus de la réplique de la pyramide de Luxor à Las Vegas, coupe une femme en deux sur un banc dans un parc... chacun de ses numéros est un véritable spectacle. En 2008, il réalise son rêve d'enfant en se produisant pour la première fois sur scène dans « Believe » à Las Vegas.
Chris Angel est le premier magicien a rendre la magie cool, fascinante et sexy. A propos de la mort, il dit : « Si je dois mourir au cours d'un numéro, j'aurais la satisfaction d'être mort en exerçant mon art ».
Magiciens français contemporains
Gérard Majax : Gérard Majax est l'un des prestidigitateurs contemporains les plus connus en France. Il participa à populariser la magie à la télévision dans les années 80, avec par exemple l'émission « Il y a un truc ». Excellent pick-pocket, il est aussi un grand spécialistes des techniques permettant de tricher aux jeux de cartes. A ce propos, quand on lui demande s'il joue au poker, il répond : « Non, parce que si je gagne on va me dire que je triche et si je perds on va me prendre pour un c... ».
Il utilise désormais son savoir au nom de la science, afin notamment de démystifier publiquement les charlatans du paranormal, aux côté du Professeur Henri Broch.
Bernard Bilis : Bernard Bilis est lui aussi un magicien français très connu. Dans le milieu magique, il est considéré comme l'un des meilleurs manipulateurs de cartes au monde. Il créa dans les années 80 une série de cassettes vidéos dévoilant les techniques de cartes, créant tout d'abord un vent de panique dans le milieu professionnel, avant que ses cassettes ne deviennent de véritables références, considérées aujourd'hui encore comme incontournables dans l'apprentissage de la magie des cartes.
Il apparaît régulièrement dans l'émission « Le plus grand cabaret du monde » présentée par Patrick Sébastien, où il présente ses meilleurs classiques, et parfois de nouvelles routines.
Sylvain Mirouf : Sylvain Mirouf a commencé sa carrière au Club Med. Repéré par Patrick Timsit qui le présenta à Michel Drucker en 1994, il devint rapidement l'un des prestidigitateurs français les plus vus à la télévision, par sa présence quotidienne à l'émission « Studio Gabriel ». En trois ans d'émission, il présenta en direct plus de 500 tours originaux, souvent inventés exclusivement pour les besoins de l'émission, pour une unique représentation.
Mais avant d'être connu publiquement, il enchanta le monde magique mondial en créant de nombreux tours, et notamment « Osmose », l'une des plus originales utilisations de cartes dans un tour de magie. Depuis, il a commercialisé des livres, des boîtes de magie et une collection de DVD sous forme de cours progressifs de magie à destination des débutants.
Elève de Pierre Edernac, Sylvain Mirouf est l'un des rares prestidigitateurs à emporter l'unanimité auprès du public : en attachant plus d'importance à la présentation de ses numéros qu'à la technique utilisée, et en y ajoutant systématiquement une touche d'humour et de légèreté, il englobe ses spectateurs dans une ambiance magique simple, humoristique, poétique et... efficace. En le voyant officier, on se laisse tout naturellement emporter dans son univers, oubliant souvent qu'il y a un truc.
Sûrement la forme de magie la plus courante : la magie des cartes. Elle peut s'effectuer de nombreuses façons : manipulations, tours automatiques, cartes truquées, etc. Très (trop ?) souvent pratiquée, elle peut sembler aujourd'hui un peu rébarbative aux yeux des spectateurs, c'est pourquoi il faut constamment user d'imagination pour inventer de nouveaux tours et de nouvelles présentations.
Piéçomagie
La magie des pièces permet d'apporter un souffle particulier aux présentations magiques : comme l'argent est synonyme de pouvoir dans l'inconscient collectif, présenter des tours de magie avec des pièces ou des billets revient à jouer avec l'argent, ce qui fascine.Cette forme de magie se base principalement sur la manipulation de pièces normales, qui peuvent être empruntées. Contrairement à la magie des cartes, elle exige donc de connaître rapidement un minimum de techniques.
Objets usuels
Les tours utilisant des objets usuels ont bien souvent un impact plus important sur le public, de par la nature même des accessoires utilisés : billets de banque, élastiques, stylos, allumettes, cigarettes, etc. Ils nécessitent parfois une préparation préalable, mais il s'agit la plupart du temps de tours impromptus.
Tours automatiques
Les tours automatiques ne nécessitent par définition aucune manipulation de la part du magicien. Ils peuvent se présenter de plusieurs façons : tours de cartes (suites mathématiques), tours mathématiques utilisant les nombres, matériel truqué, etc. En réalité, le succès de ce genre de tours est uniquement basé sur la présentation qu'en fait le prestidigitateur.
Mentalisme
Cette branche de la magie est une spécialité un peu particulière : le mentalisme regroupe tous les tours simulant des expériences impliquant des capacités supranaturelles de notre cerveau, par exemple la lecture de pensée ou les visions d'évènements à venir. De nombreux mentalistes refusent que leur activité soit associée à la prestidigitation, préférant laisser planer le doute dans l'esprit des spectateurs... Mais, dans les faits, de nombreux tours de mentalisme sont basés sur des trucages classiques de la prestidigitation, la différence se faisant dans la présentation et l'ambiance entourant ces effets. Il faut toutefois noter qu'un ensemble de techniques complexes liées à la psychologie humaine sont propres au mentalisme, comme les anticipations de réponse ou les forçages psychologiques : il s'agit d'étudier le spectateur pour tenter de deviner des informations personnelles le concernant, ou d'utiliser les bons mots au bon moment pour l'amener à penser ce que l'on veut, supprimant son libre-arbitre sans qu'il s'en aperçoive. Ces spécificités-là sont particulièrement intéressantes. Grandes illusions
Enfin, les grandes illusions regroupent tous les tours qui ne peuvent être exécutés que sur scène. Elles nécessitent souvent du matériel encombrant, sophistiqué, et cher. Les spectateurs sont rarement impliqués.
Méga-illusions
Enfin, on qualifie de méga-illusions les tours de très grande envergure, comme la disparition d'un monument ou d'un immeuble. Souvent exécutés dans le cadre d'une diffusion télévisuelle, ces numéros nécessitent des besoins humains et matériels colossaux, et donc un budget monstre.
Il est possible de regrouper l'ensemble des effets magiques par catégories. Chaque catégorie dispose de ses propres techniques mais se retrouve dans toutes les disciplines magiques, du close-up aux grandes illusions : Apparitions / multiplications Il s'agit ici de faire apparaître magiquement un objet ou une personne. La part de magie réside principalement dans la façon dont l'apparition est effectuée, mais, parfois, le lieu de l'apparition peut jouer aussi, par effet de surprise. Les effets de multiplication sont souvent impressionnants ; ils deviennent particulièrement intéressants lorsqu'il s'agit d'argent. Ces effets reposent généralement sur les mêmes principes que ceux des apparitions.
Disparition
A l'inverse, il est possible de faire disparaître un objet ou une personne en utilisant de très nombreuses (et souvent très anciennes) méthodes. Les disparitions instantanées sont forcément les plus impressionnantes visuellement.
Echanges / transformations / téléportation
Une disparition suivie d'une apparition permettent de réaliser des effets intéressants comme une transformation (apparition d'un autre objet en lieu et place du précédent) ou une téléportation invisible (apparition de l'objet disparu à un autre endroit).
Lévitation / déplacement visible à distance et sans moyen apparent
On parle ici de la faculté de faire voler des objets ou des personnes par la magie, c'est-à-dire sans moyen physique ou mécanique apparent. Bien que plus faciles à réaliser sur scène de par la distance des spectateurs et les moyens employés, il existe quelques effets de lévitation en close-up, qui sont de véritables merveilles.
Reconstitution impossible
Déchirer une feuille de journal, couper une corde ou une personne et parvenir tout de même à les reconstituer sont les exemples classiques de ce type d'effets. Psychologiquement très intéressants, ils démontrent une faculté à réparer ce qui a été irrémédiablement cassé, ce qui, outre l'aspect poétique et philosophique de l'action, va à l'encontre directe des lois physiques qui régissent notre monde.
Pénétration de la matière
Autre loi physique bien connue : la matière ne peut pas traverser la matière... et pourtant ! En magie, il est possible de faire entrer une pièce dans une bouteille hermétiquement fermée, ou à l'intérieur d'une ampoule, ou dans une canette de soda. Le tour des anneaux chinois qui s'enclavent et se désenclavent en est aussi un très bon exemple. Enfin, on peut noter l'effet de grande illusion dans lequel une partenaire traverse littéralement le corps du magicien.
Prédiction / lecture de pensée / divination
Pensez-vous que notre cerveau est capable de facultés incroyables comme prévoir l'avenir ou lire dans les pensées ? Une chose est sûre, c'est que ces facultés peuvent être simulées de manière particulièrement bluffante à l'aide des techniques de prestidigitation. Certaines jouent sur notre libre arbitre (demandez un chiffre entre 1 et 10 et vous obtiendrez souvent 3 ou 7, demandez une couleur et un outil et ce seront le rouge et le marteau qui seront cités le plus souvent, ...), d'autres sur ce qu'on l'on appelle le « temps d'avance » (c'est-à-dire une illusion du déroulement temporel de l'expérience), d'autres enfin sont basées sur des techniques classiques de manipulation (échange d'objet, forçages, etc.).
Coïncidence / maîtrise du hasard
Les techniques de prédiction et/ou de lecture de pensée peuvent souvent servir à effectuer aussi des effets de coïncidence ou de simulation de maîtrise du hasard. Ces effets, intéressants avec 2 valeurs qui coïncident, gagnent en intensité lorsqu'ils font intervenir 3 ou 4 valeurs qui se rejoignent.
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Close-up, ou « magie rapprochée »
Il s'agit de la magie de proximité. Souvent assis à table, le prestidigitateur officie à quelques centimètres seulement des yeux des spectateurs. Les effets présentés en sont d'autant plus déroutants. Pour ce genre de tours, on peut utiliser des cartes, des pièces, mais aussi d'autres petits objets de notre quotidien (élastiques, cordes, papier, etc.). C'est souvent par ce type de magie que le débutant s'initie.
Magie « de salon »
Ici, le magicien se tient debout, à quelques mètres de l'assemblée. Il arrive souvent qu'il demande à un spectateur de le rejoindre, pour assister au tour de manière privilégiée.
Magie « de scène »
Les tours présentés dans ce genre de prestidigitation s'effectuent généralement dans une salle de spectacle, impliquent rarement les spectateurs, et nécessitent souvent un ou plusieurs assistants (habituellement plutôt des femmes). Il s'agit souvent de « grandes illusions », c'est-à-dire de tours de grande envergure. Peu d'amateurs utilise ce genre de magie, qui demande souvent du matériel très coûteux.
Table à table
De nombreux magiciens professionnels, spécialisés dans le close-up, travaillent en magie « de table à table ». Les restaurants sont des lieux privilégiant ce genre de magie, lors d'une réception par exemple.
Magie«de rue»
Comme son nom l'indique, cette discipline se déroule dans la rue, au milieu des passants. Elle peut s'effectuer debout ou derrière une table (ou un comptoir), souvent préparée à cet effet. Le contexte favorisant le côté impromptu des représentations, les tours présentés sont généralement rapides et très bluffant.
Télévision / Internet
De nos jours, les nouveaux médias permettent de développer une nouvelle forme de magie, filmée. Présentés uniquement à la télévision ou sur Internet, les tours sont spécifiquement conçus pour ce genre de diffusion et impliquent parfois des acteurs jouant le rôle de spectateurs. Bien que souvent impossibles à réaliser en conditions réelles, les effets présentés demeurent très bluffants.
Le plus ancien tour d'escamotage est très certainement le tour des gobelets (appelé aussi « jeu des gobelets »), consistant à faire apparaître et disparaître des muscades ou des petites balles sous trois gobelets. Plusieurs descriptions de ce tour sont remontées jusqu'à nous depuis l'Egypte antique. (La description détaillée de ce tour fera l'objet d'un chapitre entier dans la rubrique dédiée aux tours classiques de la prestidigitation).
Jean-Eugène Robert-Houdin, père de la magie moderne
Robert-Houdin - à ne pas confondre avec Houdini, le roi de l'évasion (voir plus loin) - a révolutionné la magie en y apportant un regard neuf et très particulier. Il est par exemple le premier à abandonner la traditionnelle tenue de « sorcier » pour un costume plus habillé. Il y a indiscutablement un AVANT et un APRES Robert-Houdin. (Voir sa biographie dans la rubrique dédiée aux prestidigitateurs les plus connus).
De nos jours
Le développement des médias « à domicile » (la télévision, évidemment, mais aussi Internet) aconsidérablementfreiné le domaine des arts du spectacle de scène. Pour la prestidigitation, cela se traduit aussi par une plus grande difficulté à préserver les secrets, trop facilement dévoilés. Mais il n'y a pas que des côtés négatifs à cette exposition de la connaissance : par une large diffusion, on touche plus de monde. Aussi n'est-il pas rare aujourd'hui de voir des enfants commencer la magie très jeune, ce qui était moins fréquent au début du siècle dernier. Cela permet également d'apporter un peu de nouveautés : par exemple la création d'une nouvelle forme de magie, filmée (voir article dédié).
Un autre phénomène, beaucoup plus inquiétant, est le « basculement » de certains prestidigitateurs vers le « côté obscur » de cette force. En effet, bon nombre de magiciens professionnels (ne se présentant pas comme tel), utilisent leurs connaissances magiques pour mystifier le public, faisant croire à de véritables pouvoirs paranormaux... Bien que souvent anodin, ce phénomène peut malheureusement parfois devenir dangereux, notamment lorsqu'il est lié aux sectes. Heureusement, il existe des « Jedis » de la magie, qui consacrent leur vie à sensibiliser le public en démystifiant publiquement ces charlatans : James Randi, Gérard Majax, Houdini, et bien d'autres...
On pourrait définir la prestidigitation comme l'art de créer des illusions, par des procédés invisibles, dans le but de divertir un public.
Dans son livre "Confidences d'un prestidigitateur" (page 239 de la version numérisée par Google Books), Jean-Eugène Robert-Houdin nous informe que le mot « prestidigitateur » a été inventé par Jules de Rovère - qui cherchait un terme plus noble que les mots « escamoteur » ou « physicien » généralement employés à l'époque - à partir du mot italien « presto » (rapidité, agilité) et du mot latin « digiti » (les doigts). Un prestidigitateur est donc celui qui est « agile de ses doigts ». Par extension, il créa également le mot « prestidigitation ».
Ces deux mots furent inscrits dans le dictionnaire historique de la langue française en 1823, puis dans celui de l'Académie française en 1878.
La magie
Le terme de « magie » a plusieurs significations.
Son premier sens recouvre l'ensemble des phénomènes mystiques ou de sorcellerie, tels que les malédictions, les sorts, ou le vaudou, exécutés volontairement ou inconsciemment par une personne, désignée généralement sous les termes de magicien, chaman ou sorcier, pour faire le bien (« magie blanche ») ou le mal (« magie noire »).
Mais le terme désigne aussi, par abus de langage, l'ensemble des démonstrations simulant des expériences de magie réelle. C'est cette définition qui nous intéresse ici. De nos jours, on lui préfère les termes « d'illusionnisme », de « prestidigitation » ou de « magie simulée ».
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